SANTE SEXUELLE
& DE LA REPRODUCTION

L’institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) et l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction (ATSR), en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), ont organisé une conférence nationale sur l'Education Sexuelle Complète (ESC) en Tunisie. La conférence nationale, qui s’est tenue les 04 et 05 Juillet 2017 à Tunis, a réuni des représentants de la Commission de la réforme du système éducatif au sein du ministère de l’éducation, de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), du gouvernement et des acteurs clés de la société civile.

Force des préjugés et faiblesse du système éducatif en matière d’éducation sexuelle

La Conférence a été l’occasion de présenter les résultats d’une étude comparée sur les programmes de l’éducation sexuelle complète dans le monde et en Tunisie (2017), réalisée par l’Association Tunisienne de la Santé de Reproduction (ATSR), avec l’appui de l’UNFPA.

En effet, de nombreuses études sur la santé reproductive montrent que l’initiation à la vie sexuelle devient de plus en plus précoce chez les jeunes. Une enquête menée en 2009 à l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) a révélé que l'âge moyen pour le premier rapport sexuel est actuellement de 16,4 ans pour les filles et 17,4 ans pour les garçons. 13,5% des filles et 52,5% des garçons du groupe d'âge 15-24 ans auraient déjà eu des rapports sexuels. Pourtant, près de 60% de tous les jeunes sexuellement actifs n'ont pas utilisé de méthodes de protection et seulement 19,1% des femmes âgées entre 15 et 24 ans ont une connaissance approfondie en santé sexuelle reproductive et du VIH.

M. Senim Ben Abdallah, consultant en charge de l’étude, déclare « l'éducation sexuelle en milieu scolaire en Tunisie reste majoritairement perçue comme un encouragement aux activités sexuelles. Il existe par conséquent, peu de modules d'éducation sexuelle intégrés dans les programmes scolaires en Tunisie. Ceux existants sont généralement enseignés à la fin de la puberté et sont limités à l’enseignement de l’appareil reproductif et aux aspects biologiques ». Pourtant, quelle que soit la diversité des parcours des adolescent(e)s et des jeunes, leur accompagnement en matière de santé sexuelle et de la reproduction durant leur scolarité s’avère indispensable dans la prévention des comportements à risque, des grossesses précoces, de la violence fondée sur le genre et de la régression de l'âge des premiers rapports sexuels.

Vers une intégration de l’ESC dans les programmes scolaires

La conférence nationale s’est tenue dans un contexte de vaste réforme du système éducatif tunisien. Cette réforme vise principalement à renforcer les capacités des jeunes en connaissances et en compétences requises pour qu’ils puissent faire les bons choix qui détermineront leur avenir. Elle engage donc le système éducatif à jouer un rôle plus important en matière d’ESC.

Durant la conférence, les interventions ont été multiples et riches en informations et en témoignages. On citera ceux de Mme Thérèse Karugwiza (UNFPA Rwanda) et Mme Amina Stavridis, Directrice exécutive de l’Association Palestinienne de Protection de la Famille, venues exposer l’expérience de leur pays respectifs. Lors de son intervention, Mme Amina Stavridis a insisté sur l’importance d’un travail approfondi et constant de plaidoyer en faveur de l’ESC mais également, sur la nécessité d’une collaboration étroite avec les partenaires dans la définition et la mise en œuvre d’un nouveau curricula : « Avec nos partenaires, nous avons travaillé sans relâche, au quotidien, tant au niveau institutionnel que sur le terrain, pour combattre les préjugés et lever les contraintes à une ESC dans les programmes scolaires. Trois années ont été nécessaires pour aboutir à un curricula qui soit à la fois de qualité et consensuel. Aujourd’hui, nous sommes fiers de cet acquis ».

La conférence a permis la formalisation d’une feuille de route avec une mise en lumière des actions prioritaires à déployer en faveur de l’intégration de l’ESC dans les programmes scolaires en Tunisie.